(Story Time) Comment un vol en avion m'a aidé à gagner le plus gros salaire de ma carrière

J'en ai déduis que si je prenais l'avion plus souvent je serais devenu millionnaire. Mais non, au lieu de ça j'écris une newsletter.

Représentation pas du tout réaliste de l’histoire qui va suivre. Tout le monde sait que je suis bien plus beau que ça en vrai.

C’était en Février 2023. J’étais aux Etats-Unis, dans un vol entre Las Vegas et San Francisco. Petit vol d’une heure dans l’ouest américain au retour du kick-off de mon entreprise. Alors que je regardais les paysages (bon à vrai dire, pas grand-chose à voir à ce moment-là), le mec assis à côté de moi (que je n’avais jamais vu de ma vie) m’adresse la parole (en anglais, bien sûr) :

- Lui : “On travaillerait pas dans la même boîte ?”
- Moi : “Bah ça dépend tu travailles où ? T’es qui ?”

Et le bonhomme - un collègue, donc, revenant du même événement que moi - de m’expliquer qu’on est issus de deux bureaux différents de la même entreprise : lui est au siège, à San Francisco (born and raised in SF, comme il disait), l’épicentre mondial de la Tech. Et moi, qui lui raconte que je viens de Paris (la ville lumière, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, les rats, le RER B).

Il faut savoir que les américains ont une certaine facilité à entrer en contact avec des inconnus - mais ce n’est pas pour autant qu’ils deviendront vos amis pour la vie. J’ai même l’impression que les californiens ont une aisance encore plus naturelle pour cela : que ce soit Jojo le clodo ou Bryan le VC millionnaire, ils ont une simplicité incroyable à parler aux autres et ne tombent pas dans le snobisme. Là où en France, on a tendance à trouver bizarre que quelqu’un nous parle si on ne le connait pas.

Au début je me suis dit, comme tout bon français qui se respecte : “qu’est-ce qu’il veut lui ? Laisse-moi dormir”. Et un éclair de génie plus tard, je me suis dit : “pourquoi ne pas jouer le jeu” ? Pendant toute la durée restante du vol, on a pu parler de nos business respectifs et de nos difficultés. Le gars était clairement plus expérimenté que moi et je le questionnais énormément - la clé, c’est de poser des questions et de s’intéresser profondément à l’autre. Vous apprendrez beaucoup.

- Moi : “Tu me dis que tu es au President’s Club de la boîte depuis des années, c’est quoi ta secret sauce pour réussir ?”
- Lui : “C’est pas si compliqué. Quand je cible un client, je fais quasiment que du top-down. Je parle direct aux Board members, principalement les CFO (directeurs financiers). Donc je parle ROI et économies d’argent grâce à notre solution à des gars qui sont forcément intéressés par ça. Et ces mêmes gars sont ceux qui ont le pouvoir de dépense bien souvent”.

Evidemment, le bonhomme s’était gardé de m’expliquer qu’il n’avait que des licornes de la Silicon Valley dans ses clients. Forcément ça facilite un peu le travail, mais il n’en demeure pas moins qu’il était bien informé sur son sujet.

Le plus marrant, c’est quand l’avion s’est posé à OFS. Le gars s’est levé direct, m’a lâché un “It was a pleasure. See you !” et a disparu en un rien de temps. En gros, on a bien parlé, maintenant bye bye. Un peu déçu mais bon les américains sont comme ça, je le prends pas personnellement.

En fin de compte quelles leçons en tirer ?

• J’ai pris l’avion et j’ai eu droit à un cours de vente privatif avec un collègue d’un autre pays. Avoir des best practices de la part d’un collègue, même si son business est différent du vôtre, cela vous permettra d’avoir du recul sur votre travail et de réfléchir autrement.

• Le mec assis à côté de vous au restau ou à la salle de sport est peut-être un investisseur ou un potentiel client. Si vous créez de belles interactions avec les personnes que vous croisez, ça pourrait vous réserver des surprises. Mais attention, ça se provoque. Dans mon cas (ce n’était pas calculé), San Francisco est LA capitale de la Tech et du Business dans la Tech. Donc toutes les personnes de haut niveau de cette industrie sont concentrées là-bas et vous les croiserez plus facilement. A Paris, il ne fait nul doute que vous croiserez plus de businessman à La Défense plutôt que sur le trottoir nord de l’échangeur de la porte de Bercy. Encore faut-il que les gens acceptent l’échange, mais ça peut se faire, tout dépend des gens.

Bref.

Ouvrez-vous aux autres. Intéressez-vous naturellement aux autres. Posez-leur des questions : vous ne savez jamais à qui vous avez à faire et une discussion est peut-être le début de quelque chose de nouveau !

Et pour rebondir sur le titre : coïncidence ou pas, j’ai appliqué les conseils du gars à mon retour en France. Cela m’a permis de bosser de manière différentes sur certains de mes comptes et de gagner le plus gros deal de toute ma carrière quatre mois après. Désormais, je force le destin et j’essaye de prendre l’avion plus souvent mais bon ça marche pas tout le temps on dirait.